Une de nos tâches les plus importantes est celle de surveiller la population d’Effraies des clochers dans notre zone d’étude. Avec l’aide de la station ornithologique suisse, nous suivons attentivement chaque nichée chaque année, grâce aux nombreux nichoirs artificiels installés. Ces nichoirs sont essentiels pour les chouettes, qui manquent par ailleurs de sites de reproduction naturels.
1/10 Les nichoirs artificiels que nous installons ressemblent à de grandes boîtes que nous plaçons souvent sur la paroi de granges. La majorité de nos nichoirs sont donc installés chez des agriculteurs, des collaborateurs essentiels. Un site de ponte idéal est situé en hauteur, non loin des champs. © Jeremy Bierer
2/10 À l'Université de Lausanne, nous étudions l’Effraie des clochers sur une zone d'étude de 1000 km2 environ. Chaque point bleu représente l'emplacement d'un ou de plusieurs nichoirs. Map data © Google 2018
3/10 Entre mars et août, nous passons durant la nuit à chaque nichoir une fois par mois afin de contrôler si des œufs ont été pondus. Ici, on aperçoit également des pelotes de réjection, soit les parties non digérées des proies, que les Effraies régurgitent. Ces pelotes sont également un bon indice d’un nichoir occupé. © Jeremy Bierer
4/10 Chaque œuf est mesuré, pesé et daté. Cela se fait en mirant les œufs (placer une lumière derrière l'œuf) et en déduisant leur stade de développement. Dater les œufs permet de prédire la date d'éclosion des œufs et de planifier notre visite pour baguer les oisillons. © Jeremy Bierer
5/10 Les bagues des oiseaux sont en aluminium et donc très légères. Attachées à la patte des oiseaux dès leur plus jeune âge, elles permettent aux chercheurs de suivre l'évolution des populations. Grâce à ce système, nous savons par exemple que cette chouette, baguée M026255, est née en 2010 et était mère d'une nichée en 2019. © Paul Béziers
6/10 Cette chouette âgée d'une vingtaine de jours est pesée. Avec la longueur de l’aile, le poids est un bon indicateur de croissance. Une croissance anormalement faible nous alerte sur un éventuel abandon ou décès des parents. Dans de tels cas, les oisillons sont amenés en centre de soins et relâchés dans la nature une fois adultes et rétablis. © Daniel Aubort
7/10 Afin de déterminer le sexe de chaque chouette, nous faisons une prise de sang. Cela permet également de faire diverses autres mesures (stress, récupération de l'ADN, etc.). Nous piquons les chouettes et récoltons une goutte de sang grâce à un capillaire en verre © Jeremy Bierer
8/10 Le suivi des populations d’Effraies se fait aussi en labo, par exemple pour déterminer le sexe des individus. Félix Imhof © UNIL
9/10 Nous comptons également les parasites présents sous les ailes des oisillons. Ici une tique (en haut de l'image), cas peu fréquent, et des mouches parasites (corps blancs) dont la présence est habituelle. © Jeremy Bierer
10/10 Lorsque les jeunes sont en âge de quitter le nid, à environ 55 jours, nous retournons les mesurer. Entre autres, nous regardons attentivement quelle est leur couleur (de roux à blanc). © Jeremy Bierer
Installation de nichoirs
Notre zone d’étude se trouve en Suisse et s’étend de Lausanne à Morat, couvrant des territoires vaudois et fribourgeois. Chaque année, des chercheurs de notre groupe et de la station ornithologique suisse visitent régulièrement les nichoirs de cette région. À l’heure actuelle, quelque 400 nichoirs ont été installés, et ce nombre ne cesse d’augmenter. La pose de nichoirs permet de créer de nouveaux sites de nidification pour les Effraies des clochers, une mesure essentielle pour la conservation de cette espèce. À l’origine, ces chouettes se reproduisaient dans les cavités de vieux arbres ou de falaises. Elles ont ensuite investi les bâtiments humains, mais nos rénovations privent bien souvent les Effraies des clochers de ces sites de reproduction. Le Faucon crécerelle profite également des nichoirs artificiels, où il se reproduit volontiers.
Suivi et étude
Au cours de la saison de reproduction, nous contrôlons régulièrement chaque nichoir à la recherche de nouvelles pontes, puis nous surveillons leur développement. Grâce à des analyses génétiques, nous avons pu établir une généalogie de la population d’Effraies de notre zone d’étude sur plus de 25 ans. De plus, chaque oisillon est équipé d’une bague (fournie par la Station ornithologique suisse) sur laquelle est gravé un numéro qui marque l’identité de l’oiseau. Il la gardera jusqu’à la fin de sa vie. Nous profitons de cette étape de baguage pour surveiller la croissance des oisillons et récolter diverses informations essentielles pour le suivi de l’espèce, comme le nombre d’œufs et de petits.
Lorsque les jeunes chouettes sont en âge de quitter le nid, soit à deux mois environ, nous visitons le nichoir une dernière fois. Tous les jeunes sont mesurés : bec, aile, plumes, poids, couleurs, etc. En plus de servir à nos recherches, ces données permettent de connaître le nombre de jeunes parvenant à l’âge adulte, et ainsi de surveiller les effectifs et l’état de santé de la population.